PLFSS 2026 : Sébastien Lecornu multiplie les consultations pour forger un consensus parlementaire
Le Premier ministre Sébastien Lecornu engage cette semaine une série de consultations stratégiques à Matignon dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026. Cette démarche de dialogue institutionnel vise à construire les conditions d'un vote parlementaire sans recours à l'article 49.3 de la Constitution.
Calendrier parlementaire et enjeux procéduraux
L'Assemblée nationale reprend l'examen du texte dès mardi 2 décembre, avec un vote sur la partie recettes prévu dans la semaine et un vote d'ensemble programmé pour le 9 décembre. Le PLFSS revient dans l'hémicycle dans sa version sénatoriale, sensiblement modifiée par rapport au texte initial des députés.
Les sénateurs ont notamment rejeté la mesure emblématique de suspension de la réforme des retraites et écarté la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital, disposition défendue par les socialistes.
Architecture des consultations gouvernementales
Le chef du gouvernement a organisé un cycle de rencontres avec l'ensemble des formations politiques. Après avoir reçu les représentants de Liot et des Républicains la semaine dernière, Sébastien Lecornu s'entretient ce lundi avec les responsables du Parti socialiste et du Parti communiste français.
Le programme se poursuit avec les écologistes mardi et le Rassemblement national mercredi. Cette séquence de dialogue s'accompagne de consultations avec les partenaires sociaux, notamment le Medef, la CFDT et Force ouvrière.
Positions des groupes parlementaires
Les socialistes maintiennent leurs priorités programmatiques : "défendre le pouvoir d'achat et les services publics, par la contribution des plus fortunés", selon Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée. Ils s'opposent au doublement des franchises médicales et privilégient la réduction des exonérations de cotisations sociales.
Les Républicains affichent leurs réserves. Philippe Juvin, rapporteur général du Budget, a déclaré avoir "très envie de ne pas voter ce budget de la Sécurité sociale", illustrant les difficultés de cohésion au sein de la coalition gouvernementale.
La commission des Affaires sociales a rejeté le projet samedi, avec un vote contre des Républicains et une abstention socialiste. Frédéric Valletoux, président de la commission, a reconnu être "assez loin d'un accord".
Équilibres parlementaires et perspectives
L'adoption du texte nécessite l'approbation des groupes de la coalition gouvernementale et, au minimum, l'abstention du PS et des écologistes. Alternative : un vote favorable socialiste compensant une opposition écologiste croissante.
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a réaffirmé dimanche l'objectif d'un vote parlementaire, soulignant l'absence de "plan B" et les risques d'un déficit de la Sécurité sociale de 30 milliards d'euros en cas d'échec.
L'hypothèse du recours à l'article 49.3, écartée initialement à la demande socialiste, demeure en arrière-plan des débats. Cette procédure permettrait l'adoption du texte sans contraindre PS et LR à un vote explicite de soutien.
Enjeux budgétaires et gouvernance
Cette séquence illustre les défis de la gouvernance parlementaire dans un contexte de majorité relative. L'exercice de consultation mené par Matignon s'inscrit dans une logique de recherche de consensus, privilégiant le dialogue institutionnel aux mécanismes constitutionnels d'exception.
L'issue de ces négociations déterminera les modalités d'adoption d'un texte crucial pour l'équilibre financier de la protection sociale française.