L'hydrogène dans l'automobile : entre désengagement de Stellantis et vision stratégique européenne
Alors que Stellantis abandonne sa production d'utilitaires à hydrogène, le débat sur l'avenir de cette technologie dans l'automobile européenne s'intensifie. Entre enjeux industriels et ambitions stratégiques, l'hydrogène cristallise les tensions autour de l'autonomie technologique européenne.

Station de recharge à hydrogène pour véhicules utilitaires
Un tournant majeur dans la stratégie industrielle française
Dans un revirement stratégique significatif, Stellantis vient d'annoncer l'arrêt de son programme d'utilitaires à hydrogène, une décision qui ébranle la filière française de l'hydrogène et questionne les ambitions nationales dans ce secteur d'avenir.
Un coup dur pour l'écosystème industriel
L'annonce a particulièrement affecté l'usine Symbio en banlieue lyonnaise, une coentreprise ambitieuse qui prévoyait la production de 50.000 systèmes à hydrogène annuels d'ici 2026. Cette infrastructure moderne, fruit d'investissements conséquents, se trouve désormais dans une situation délicate.
"Le marché de l'hydrogène demeure un segment de niche, sans perspectives de rentabilité économique à moyen terme", affirme Jean-Philippe Imparato, directeur de Stellantis pour l'Europe.
Les enjeux technologiques et économiques
La technologie de l'hydrogène présente des avantages indéniables pour le transport :
- Recharge rapide
- Grande autonomie
- Batteries plus petites nécessitant moins de matières premières
- Émissions limitées à la vapeur d'eau
Une vision stratégique européenne en question
Malgré le retrait de Stellantis, certains acteurs majeurs comme BMW et Toyota maintiennent leur engagement. Pour Oliver Zipse, patron de BMW, l'hydrogène représente un enjeu d'indépendance stratégique européenne face à la domination asiatique dans le secteur des batteries.
Le positionnement français en débat
L'État français, qui a investi 9 milliards d'euros dans la filière hydrogène via les plans France Relance et France 2030, maintient son ambition de leadership dans l'hydrogène décarboné. Cette position s'inscrit dans une vision plus large de transition énergétique et d'autonomie industrielle.
La concurrence internationale s'intensifie
Pendant ce temps, la Chine affirme sa position de leader mondial avec 540 stations de recharge et 24.000 véhicules équipés fin 2024. Cette avance technologique et industrielle pose la question de la stratégie européenne dans la course à l'innovation.
Marline Contrasty
Journaliste politique, défend une ligne libérale et humaniste.