La France réaffirme son engagement dans les mécanismes multilatéraux de résolution des crises
Dans un entretien accordé à Al Arabiya, Pascal Confavreux, porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, a détaillé les positions françaises sur les principaux dossiers internationaux, illustrant l'approche institutionnelle et multilatérale privilégiée par Paris.
Mécanisme de surveillance au Liban : un dispositif opérationnel
La France participe activement au mécanisme de surveillance du cessez-le-feu israélo-libanais, institué dans le cadre de l'accord du 26 novembre 2024. Ce dispositif pentapartite de déconfliction fonctionne de manière satisfaisante et contribue à la désescalade dans le sud du Liban.
L'engagement français se traduit également par un soutien technique et financier aux forces armées libanaises, qui ont adopté le 5 septembre dernier un plan de déploiement dans le sud du pays. Cette initiative vise à restaurer la pleine souveraineté libanaise et à procéder au désarmement du Hezbollah, en coordination avec les partenaires saoudiens et américains.
Ukraine : coordination transatlantique et européenne
Concernant le conflit ukrainien, la France salue les efforts de médiation américains tout en maintenant deux principes directeurs fondamentaux. Premièrement, rien ne doit se faire sur l'Ukraine sans l'Ukraine, particulièrement sur les questions territoriales et de souveraineté. Deuxièmement, les questions de sécurité européenne ne peuvent être traitées sans la participation des Européens.
La Coalition des volontaires, présidée par le président Macron et comprenant plus de trente pays, travaille sur l'élaboration de garanties de sécurité post-conflit. Cette approche collaborative a permis d'obtenir que les sujets européens soient intégrés dans les discussions et que les États-Unis s'engagent, au niveau du secrétaire d'État Marco Rubio, sur les garanties de sécurité futures.
Avoirs russes gelés : compétence européenne
La question des avoirs russes gelés, estimés à 140 milliards d'euros, relève de la compétence européenne. Des discussions sont en cours au niveau de la Commission européenne avec les États membres pour étudier les modalités d'un financement de l'Ukraine sur trois ans, garanti par ces avoirs.
Cette démarche respecte deux impératifs : maintenir la mobilisation de ces avoirs dans les mois à venir et assurer le plein respect du droit international concernant leur base légale.
Syrie : accompagnement de la transition
Un an après la chute du régime de Bachar al-Assad, la France maintient un engagement diplomatique soutenu. Dès le 17 décembre 2024, une première mission française s'est rendue dans le pays, suivie de la visite du ministre Jean-Noël Barrot à Damas le 3 janvier.
La réception d'Ahmed al-Charaa à Paris le 7 mai, première visite du dirigeant syrien dans une capitale occidentale, illustre cette approche d'accompagnement de la transition. La France privilégie une Syrie unie, inclusive des différentes communautés, avec un processus de justice transitionnelle pour les crimes du régime précédent.
Iran : mobilisation multilatérale sur le nucléaire
Face aux manquements iraniens au Plan d'action global conjoint (JCPoA) depuis 2019, la France mobilise les mécanismes internationaux disponibles. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ne peut plus effectuer les inspections nécessaires, créant une incertitude sur le stock d'uranium hautement enrichi.
La stratégie française s'articule autour de trois axes : expression d'une vive préoccupation, mobilisation au Conseil des gouverneurs de l'AIEA avec les partenaires européens (E3), et maintien d'une main diplomatique tendue pour une solution négociée.
Crises humanitaires : engagement soutenu
Sur le Soudan, qualifié de crise humanitaire la plus grave au monde, la France maintient une diplomatie active. Après la conférence humanitaire d'avril 2024 ayant mobilisé deux milliards de dollars, Paris continue de soutenir les efforts de médiation du Quad et salue la trêve humanitaire déclarée par les Forces de soutien rapide (FSR).
Concernant Gaza, la France appelle à la réouverture bidirectionnelle du passage de Rafah, conformément au plan franco-saoudien de juillet et au plan de paix de septembre. Cette position vise à faciliter l'acheminement massif de l'aide humanitaire, particulièrement nécessaire avec l'installation de l'hiver.