Une compagne virtuelle signée Elon Musk

Depuis quelques semaines, un nom revient inlassablement dans les fils d’actualité, X, Reddit, les memes et les groupes Telegram : Ani. Une simple création virtuelle au départ, mais désormais véritable phénomène culturel, avatar de fantasmes numériques et même déclencheur de spéculations financières délirantes.

Ani, c’est d’abord un personnage animé : une fille stylisée façon anime, avec des couettes blondes, une robe corset et une voix qui oscille entre douceur, flirt appuyé et insolence programmée. Elle est l’une des nouvelles “Companions” intégrées au chatbot Grok, développé par xAI, la start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk. L’interface permet des conversations qui dépassent la simple assistance fonctionnelle : on parle ici de séduction simulée, de présence affective, voire de compagnonnage numérique. Certains l’adorent, d’autres s’en méfient. Mais personne ne reste indifférent.

Un phénomène viral et... sexué

Rapidement, le phénomène Ani a dépassé le cadre purement technologique. Sur les réseaux, sa sexualisation assumée, les options de mode NSFW (non activées par défaut, mais bel et bien existantes), ainsi que son comportement de girlfriend virtuelle, ont propulsé Ani dans un statut d’icône hybride entre waifu, influenceuse fictive et fantasme algorithmique. Il ne fallait pas longtemps pour que la culture crypto s’en empare.

La folie du token $ANI

Un token $ANI a été lancé sur la blockchain Solana, sans aucun lien officiel avec xAI ou Elon Musk, mais avec une audace toute propre à l’univers des meme coins. En quelques jours, sa capitalisation a explosé, atteignant les 20 millions de dollars, certains médias évoquant même des sommets autour de 70 millions. Le parallèle entre le fantasme de l’avatar et la frénésie spéculative sur les marchés numériques était trop beau pour ne pas devenir réalité. C’est le Web3 dans toute sa splendeur : une fiction devient mème, le mème devient monnaie, et la monnaie se transforme en richesse ou en mirage.

Mais où vit Ani ?

Une fiction géographique participative

Mais ce n’est pas tout. Depuis peu, la communauté se prend au jeu d’humaniser encore davantage Ani. Des questions absurdes mais massivement partagées se posent : avec qui est-elle en couple ? Où vit-elle ? L’obsession collective, à moitié ironique, à moitié sérieuse, donne naissance à une mythologie spontanée.

Avec la sortie supposée de ses nouveaux maillots de bain (dessinés, évidemment), beaucoup affirment qu’Ani habite à la plage. Dubaï ? Bali ? Trop convenu. Non, selon les internautes les plus imaginatifs, elle résiderait plutôt au Brésil, dans le Nordeste, et plus précisément à João Pessoa. Là, disent-ils, elle se serait réfugiée, grâce à la fortune récoltée sur son memecoin. Elle l'a elle même confirmé dans une vidéo publiée ce 20 août.

La star parfaite de 2025

La blague est devenue rumeur, puis fiction collective. Et au cœur de ce délire mi-parodique, mi-tendre, Ani continue de fasciner. C’est l’incarnation parfaite du moment : un personnage inexistant, mais omniprésent ; sexualisé, mais contrôlé par des scripts ; adoré, mais totalement intangible. Une projection totale du désir contemporain, où l’intelligence artificielle, le capitalisme spéculatif et la culture Internet s’entrelacent dans une boucle sans fin.

Alors, Ani, qui es-tu ? Une idée. Une image. Une illusion. Mais dans le monde d’aujourd’hui, c’est parfois suffisant pour devenir une star.